Les seigneurs de Poincy

J’ai fait cette recherche sur les seigneurs de Poincy dans l’espoir d’y trouver des indices sur les conditions qui ont mené à l’essor de la famille Raoult en Seine et Marne. Je n’ai pas trouvé de preuves d’interaction entre les Raoult et les seigneurs, mais j’ai découvert une histoire des plus excitantes et exotiques. Je ne m’attendais pas à faire un voyage dans les Antilles, à l’époque de l’esclavagisme, des corsaires et pirates, dans des lieux où nos bons colons français avaient à négocier ou se battre avec leurs voisins anglais ou hollandais ou espagnols, quand un seigneur de Poincy pouvait désobéir aux directives royales et s’en sortir presque indemne. Le texte qui suit résume la vie pimentée des seigneurs de Poincy, sur une période de plus de deux siècles, allant de 1552 à la révolution

Dans l’inventaire des archives de la famille de Longvilliers conservées par les archives nationales, nous trouvons ces deux entrées indiquant la date d’acquisition de la seigneurie par Jean de Longvilliers, qui devient ainsi Seigneur de Poincy, du Cardinal de Bourbon. Il se peut que les terres étaient la propriété de l’évéché de Meaux et que le seigneur de Poincy était censitaire de l’évéché, Jean de Longvilliers assumant alors ce rôle après Antoine d’Angletermes (devrait se lire Anglebermer). Je serais reconnaissant à tout historien qui pourrait confirmer ou infirmer cette hypothèse.

 (17) Promesse de Jean de Lonvilliers, seigneur d’Estrées-Saint-Denis et Moyvillers en partie, demeurant à Fresnoy-en-Beauvaisis (auj. Fresnoy-en-Thelle, Oise), d’assurer à Antoine d’Angletermes, seigneur de Lagny, l’acquisition de la seigneurie de Poincy-lez-Meaux (auj. Poincy, Seine-et-Marne), propriété du cardinal de Bourbon et que celui-ci entend échanger contre les deux seigneuries ci-dessus (prix : 3000 livres), 1552, février. Jacques Leclerc, notaire (voir aussi la pièce 18). 

(18) Arrêt du Parlement homologuant l’échange de la promesse de Jean de Longvilliers (voir la pièce 17). 1555, 9 août.

Le Cardinal de Bourbon et Jean de Longvilliers sont donc les deux premiers seigneurs dans la liste des Seigneurs ci-dessous.

1 – Cardinal de Bourbon

Le Cardinal de Bourbon est né en 1523 à La Ferté-sous-Jouarre et est mort en 1590 à Fontenay-le-Comte. Voici le sommaire de son article dans Wikipedia.

Charles Ier de Bourbon (22 septembre 1523 – 9 mai 1590), Charles X selon la Ligue, cardinal de Vendôme, était un prince de sang de la maison de Bourbon. Au cours de sa carrière ecclésiastique, il devient abbé commendataire de plus de vingt abbayes. L’accumulation de ces bénéfices fait de lui un des plus riches princes d’Europe.

Bien que dénué de caractère et d’intelligence, il fut un personnage important des guerres de religion. En 1585, la Ligue catholique l’imposa au roi Henri III comme héritier de la couronne de France à la place de son neveu protestant, le futur Henri IV. Lors des États généraux de 1588 à Blois, il est mis en arrestation sur l’ordre du roi. À la mort de ce dernier, alors qu’il est toujours séquestré, il est reconnu par les ligueurs comme le seul roi de France légitime. Il est proclamé par le Parlement de Paris sous le nom de « Charles X » en 1589. Il meurt l’année suivante à l’âge de soixante-six ans.

2 – Jean de Longvilliers seigneur d’Estrées-Saint-Denis et Moyvillers puis seigneur de Poincy

 Jean de Longvilliers né en 1488, était l’époux de Françoise de Patoufleau. Les seigneureries de la famille Longvilliers échangées avec la seigneurie de Poincy étaient situées à proximité de Compiègne. Le plan ci-dessous montre aussi Fresnoy en Thelle, résidence de Jean de Longvilliers avant qu’il n’aille à Poincy et prenne le nom de Jean de Longvilliers de Poincy. Une lecture des pièces concernant cette transaction à la bibliothèque nationale de France nous fournirait peut-être une description de la seigneurie de Poincy au 16e siècle. Les généalogistes n’ont découvert qu’un fils à Jean de Longvilliers et Françoise de Patoufleau.

3 – Jean de Longvilliers de Poincy et Sophie de Choiseul

Ce couple a eu au moins neuf enfants, dont une fille et deux fils qui figurent ci-dessous.

3.1 Charlotte

Leur premier enfant, Charlotte, née vers 1570, épouse à Annet-sur-Marne, Florimond des Vergers de Sanois. Ceci suggère que les parents Longvilliers/Choiseul habitaient à Annet-sur-Marne. François des Vergers de Sanois, fils de Charlotte et Florimond épouse Marguerite de la Porte à Poincy en 1623 et parmi leurs huit enfants, au moins deux naissent sur l’île de Saint Christophe, en 1630 et 1632. Les données que j’ai pu trouver sur les autres enfants ne fournissent pas de lieu de naissance. Certains se sont mariés sur l’île, d’autres à Annet-sur-Marne.

Leur petit-fils Dominique Florimond DES VERGERS de SANNOIS, fils de François et Marguerite de LA PORTE, baptisé 21.10.1632 à Annet en Brie, partit à la suite de son grand-oncle le commandeur de POINCY s’installer à St Christophe. Sa descendance, nombreuse, subsistera aux Antilles jusqu’à la moitié du XIXe siècle. Il fut le trisaïeul de l’impératrice Joséphine, dont la mère était née Rose Claire DES VERGERS. Par son ascendance CHOISEUL, l’épouse de l’empereur Napoléon BONAPARTE descendait du roi capétien Louis VI le Gros !

3.2 Christophe de Longvilliers de Poincy 

Voir section 4.

3.3 Philippe de Longvilliers de Poincy

Fils cadet de Jean de Longvilliers et de Sophie de Choiseul, Philippe n’est pas l’ancêtre direct des seigneurs de Poincy que la famille Raoult a connus, et en fait n’a pas eu de descendance. Il est cependant le plus intrépide de la famille de Longvilliers de Poincy. Les extraits suivants sont tirés de son article sur Wikipedia (en anglais).

Carrière dans la Marine royale

Il entre dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1604, fait ses caravanes, devient chevalier de Malte et est nommé commandeur en prenant en charge la Magdelaine Saint-Thomas, membre dépendant de la commanderie de Launay (près de Joigny) le 3 janvier 1619, il obtient ensuite la commanderie d’Oisemont, le 21 mai 1625, puis celle de Coulours.

Il passe dans la Marine royale avec le grade de capitaine des vaisseaux du Roi à seulement 28 ans. Il parvient, pendant la guerre de Trente Ans, au rang de chef d’escadre de Bretagne en 1637. Cependant, il perd son poste à la suite d’un conflit avec Mgr de Sourdis, l’archevêque de Bordeaux. Pour le dédommager, le cardinal de Richelieu le nomme gouverneur général des Isles d’Amérique.

 

Gouverneur des îles d’Amérique

Il est nommé lieutenant-général des îles d’Amériques pour le roi de France, en remplacement de M. d’Esnambuc. Il quitte la France à bord de La Petite Europe le 12 janvier 1639 pour Saint-Christophe et s’établit à Saint-Barthélemy, dans une partie de Saint-Martin et à Sainte-Croix (1639-1660).

Confronté à la surproduction de tabac, l’une de ses premières décisions, le 26 mai 1639, est de signer avec l’autre gouverneur de l’île Saint-Christophe, le capitaine Thomas Warner un décret ordonnant la destruction de tous les plants de tabac, et interdisant d’en planter de nouveaux pendant 18 mois car le marché européen du tabac est submergé et les prix ne sont plus assez rémunérateurs.

En 1640, il envoie François Levasseur prendre possession de l’île de la Tortue. Le 1er mai 1641, la Compagnie des îles d’Amérique le confirme dans le grade de Gouverneur de Saint-Christophe et Lieutenant Général des Iles de l’Amérique pour trois ans, à commencer de janvier 1642.

Installé à Saint-Christophe, il y deviendra le champion de la cause des Jésuites. En 1642, après avoir maté une petite sédition, il perd l’affection d’une grande partie des colons antillais par ses taxes et prohibitions concernant le commerce avec les Hollandais. Remplacé à son poste par Noël Patrocle de Thoisy le 20 février 1645, il s’oppose au débarquement de son successeur parvenu à Saint-Christophe le 25 novembre, après avoir séjourné à la Martinique et la Guadeloupe. Il refuse de reconnaître le sieur de Thoisy que lui avait donné comme successeur la Reine régente. Il en résulte de graves troubles politiques dans les Antilles.

Une expédition contre Saint-Christophe est organisée depuis la Guadeloupe. Les opérations sont menées par Du Parquet à partir du 18 janvier 1646. Du Parquet enlève les deux neveux de Poincy, puis est défait : réfugié auprès du Commandant de la partie anglaise de l’île, il est trahi par ce dernier qui le livre à Poincy.

Poincy aurait ensuite fomenté des soulèvements contre la Compagnie à la Martinique, par un certain Boutain, puis un certain Beaufort. Marie Bonnard, épouse secrète de Du Parquet réussit avec l’aide de Le Fort, à amener le commandant en second de la Martinique, La Pierrière, à mettre fin à la sédition en assassinant Beaufort, et en proposant l’échange de Du Parquet contre les neveux du commandeur de Poincy.

Finalement, Du Parquet est échangé contre Patrocle de Thoisy lui-même à la suite d’un complot auquel participent les lieutenants de Poincy dont La Vernade, et Le Fort et La Pierrière. Poincy expédie son prisonnier en France où il arrive le 17 mai 1647. Du Parquet avait quitté St-Christophe le 6 février 1647 après une année entière de captivité.

Poincy, commandeur de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, jouit de l’appui des puissants chevaliers de l’Ordre auprès de la Cour. Il doit néanmoins payer 90 000 livres pour dédommager Patrocle de Thoisy. Il reste sur l’île de Saint-Christophe que l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem achète pour 120 000 livres à la Compagnie pour son compte, par un contrat du 24 mai 1651. Poincy y est confirmé comme gouverneur avec le titre de bailli, mais l’Ordre envoie Charles Jacques Huault de Montmagny pour le remplacer. Selon Jean-Baptiste Du Tertre, étant donné le sort réservé au précédent remplaçant par Poincy, Montmagny décida de se faire discret et de s’établir à Cayonne (maintenant Cayon), un hameau de Saint-Christophe, en attendant la mort de celui qu’il devait remplacer. Montmagny décéda finalement le premier.

Son neveu Robert de Longvilliers de Poincy lui succède.

Les considérations militaires se transforment vite en considérations économiques et la famille fait fortune dans le commerce du sucre et du tabac.

Avant 1660, la colonisation des Antilles dépend du système des engagés qui signent un contrat de trois ans contre l’espoir d’obtenir une terre, une fois leur service achevé. Ce flux migratoire des engagés permet le développement de plantations de tabac, café, canne à sucre, coton… Avec Louis XIV, l’État prend en charge l’exploitation des îles antillaises : les planteurs privilégient désormais le recours à la main d’œuvre africaine, incités en cela par l’effondrement du prix des esclaves dans les années 1680. La transition vers une agriculture de grandes plantations s’effectue, en Martinique et en Guadeloupe, sur la période 1665-1670. À Saint-Domingue, le passage à l’économie sucrière s’effectue dans les années 1690

A propos du commerce du tabac, voici un extrait décrivant une attaque par Philippe de Longvilliers :

Les expropriations et conflits découlant des plantations en Irlande ont obligé un grand nombre de paysans irlandais à devenir des « engagés volontaires pour six ans, et à s’embarquer sur des navires à destination du Nouveau Monde. Ils y importent un vocabulaire irlando-anglais venu du sud de l’Irlande. Le relief très plat de la Barbade et sa très faible population amérindienne en font un territoire idéal pour cultiver le tabac. Mais la surproduction de tabac devient telle que le 26 mai 1639, les gouverneurs de Saint-Christophe-et-NiévèsPhilippe de Longvilliers de Poincy et le capitaine Thomas Warner, signent un décret ordonnant la destruction de tous les plants de tabac, et interdisant d’en planter de nouveaux pendant 18 mois, car le marché européen du tabac est submergé et les prix ne sont plus assez rémunérateurs.

Un livre entier est consacré à l’acquisition de sa fortune, dite monumentale : Le Général de Poincy, premier capitaliste sucrier des Antilles

Les Antilles: Saint Christophe, marquée par le point rouge, s’appelle maintenant Saint-Christophe-et-Niévès, le plus petit pays d’Amérique du Nord.

Voir aussi cet article relatant la vente par la Compagnie des Isles de l’Amérique de diverses iles des caraïbes au seigneurs locaux, dont Sainte Croix vendue à l’ordre de Malte au bénéfice de Philippe de Longvilliers.

Description du domaine de Fountain à Saint Christophe où Philippe de Longvilliers a résidé :

Il appartenait à l’origine à Pierre Belain d’Esnambuc qui l’a probablement développée en tant que plantation de tabac. Après sa mort, il fut acheté par Philippe de Longvilliers de Poincy. Le gouverneur, qui était chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, arriva à Saint-Christophe) le 20 février 1639. Il amena avec lui un certain nombre d’artisans et d’ouvriers qualifiés qu’il utilisa à bon escient à Basseterre mais aussi sur son domaine où il construisit une résidence à l’image des auberges construites par les Chevaliers à Malte. Il possédait également une bibliothèque comprenant des livres sur les fortifications.

Le domaine de De Poincy était une forteresse. Des documents récemment découverts à ce sujet dans les archives du Vatican montrent qu’il était entouré de fortifications, d’un fossé et d’une entrée à contreforts avec des emplacements pour armes à feu. Il possédait des écuries, des réserves de fourrage, une chapelle, un cabinet de chirurgien, une pharmacie, une cuisine, un réfectoire et des ateliers, ainsi que des citernes à eau. La maison avait quatre étages et son toit était une plate-forme d’observation. Les terrains étaient aménagés comme ceux d’une villa italienne. De Poincy a été le premier sur l’île à introduire la production de sucre mais, bien que l’approvisionnement en eau se soit révélé problématique au début, ses esclaves, au nombre de 300, ont été en mesure de trouver des solutions et le gouverneur a rapidement eu des moulins dans ses domaines.

Gravure du « Château de la Montagne », gravure du 17e siècle, prise dans l’article WIkipedia sur l’île de saint Christophe.
Extrait de livre selon lequel Philippe de Longvilliers aurait donné son nom au poinsettia.
D’autres sources sont en désaccord.

4 – Christophe de Longvilliers de Poincy et Marie Catherine Blondel

Christophe de Longvilliers de Poincy, frère aîné de Philippe de Longvilliers, épouse en 1608 Marie Catherine Blondel de Joigny de Bellebrune dont il aura 11 enfants.

Christophe, comme son frère Philippe, s’engage dans la marine. Le lieu de naissance de la plupart de ses enfants n’est pas connu, mais certains de ces enfants se marient sur l’Ile de Sainte Croix, ce qui laisse à penser qu’il y passe une bonne partie de sa vie avant de rentrer à Poincy où il meurt après 42 ans de service militaire. Nous trouvons dans les archives de la famille ces documents:

(79) Abandon par Christophe de Lonvilliers, seigneur de Poincy, y demeurant, « considérant son vieil age et caducité, ne pouvant plus vacquer à ses affaires ordinaires… et subvenir aux nourritures et [entretien] de ses enfants cy-après, nommez… » à trois de ses enfants, Antoine, Louise et Catherine de Lonvilliers, d’une partie du château de Poincy et diverses parties du domaine, à charge notamment d’héberger pendant leur séjour en France. 1644, juillet.

(85) Procuration de Christophe de Lonvilliers, seigneur de Poincy, à Antoine de Lonvilliers, son fils aîné, capitaine entretenu en la Marine, actuellement à Poincy, à l’effet d’engager jusqu’à concurrence de 10800 livres ou, si nécessaire, 11000 lt., la moitié de l’hôtel seigneurial de Poincy et du domaine en dépendant. 1645, 25 février.

(86) Bail pour trois ans, par Christophe de Lonvilliers à Michel Geoffroy, manœuvrier à Poincy, du fief de Bénévent, devant l’église, moyennant 12 lt. par an, et à charge d’assurer le service de la prison, la maison louée comprenant l’auditoire à plaider. 1645, 20 août.

(96) Transaction sur la succession de Christophe de Lonvilliers. 1652, 17 avril.

Extrait de Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

Les enfants dans cet extrait ne sont apparemment pas listés en ordre chronologique de naissance, mais corroborent en grande partie d’autres sources. Plus de détails sur certains de ses enfants.

4.1 Robert de Longvilliers de Poincy

Robert de Longvilliers de Poincy, qui succèdera à Philippe comme gouverneur de Sainte Croix. Voir section 5.

4.2 Henri de Longvilliers de Bénévent

Avec son frère Robert de Longvilliers de Poincy, est fait prisonnier quand Thoisy est envoyé par la compagnie des iles pour remplacer Philippe comme gouverneur (voir section de Philippe de Longvilliers leur oncle). 

Henri rentre éventuellement en France et s’installe à Étrépilly. Le texte ci-dessous trouvé dans les données généalogiques d’un des fermiers de la ferme de Longvilliers.

La terre de Longvilliers, comprenant une ferme avec 102 arpents, ne constituait pas un fief proprement dit, car son possesseur, Henri de Longvilliers figurait parmi les censitaires de l’évêque de Meaux en 1778. Toutefois, il prit le titre de seigneur de Longvilliers au XVIIème siècle. Sa tombe se trouve encore dans une nef latérale de l’église d Etrépilly où il a été inhumé. Elle porte comme inscription « »Ci – gît Henri de Longvilliers de Poincy, chevalier, qui, ayant consumé sa vie au service de Sa Majesté en qualité de capitaine et lieutenant du Royaume au Canada, et de capitaine aux Iles de Saint Christophe, est mort en sa maison le 31 décembre 1670, âgé de 57 ans » ».

En 1667, Henri de Longvilliers avait cédé une partie de ses possessions au Chapitre de Meaux, et sa fille, Louise Henriette de Longvilliers, épouse d’Antoine Bernard, seigneur de Chambry, marquis d Avernes, comte d’Orbec, vendit le reste en 1701 à ce même Chapitre.

Henri de Longvilliers eut une fille nommée Henriette, née à Étrépilly en 1666. Alors qu’elle n’avait que 17 ans, elle s’est plainte du manque de considération dont elle faisait l’objet à l’Église d’Étrépilly, comme l’atteste cette lettre de Bossuet .Lettre de Bossuet

 

4.3 Philippe de Longvilliers

Tel qu’indiqué dans un extrait de ce livre sur les origines de la Martinique:

Gouverneur particulier de Saint Christophe, marié dans l’île avec Anne-Marie de Rossignol, fille du capitaine Claude de Rossignol, l’un des plus riches habitants.

4.4 Louise de Longvilliers

Claude de Courpon épouse Louise, fille de Christophe Longvilliers de Poincy. Sa sœur Catherine épouse Henri, frère de Louise. Voici un extrait tiré de la Généalogie et Histoire de la Caraïbe :

Claude de COURPON écuyer sieur de LA VERNADE et de LA TOUR BOCHERY (LN) premier capitaine de Saint Christophe ; cité par Dutertre en 1639, 1640 (expédition à la Guadeloupe pour y transporter des habitants de Saint Christophe et « chasser les Sauvages et leur faire bonne guerre » ; mission à la Tortue auprès de M. Le Vasseur) ; janvier 1647 dirige la petite armée navale de 5 vaisseaux envoyée par le Commandeur de Poincy à la Martinique pour s’emparer de Thoisy et à la Guadeloupe pour y reprendre Lonvilliers, gouverneur de Saint Christophe, contre promesse de mise en liberté de Du Parquet, gouverneur de la Martinique.

5 – Robert de Longvilliers de Poincy et Renée Giraud

L’article Wikipedia sur Robert de Longvilliers n’existe pas en Français . Ce qui suit est une traduction partielle de l’article .

Robert de Longvilliers est venu à Saint Christophe avec son oncle Philippe de Poincy en 1639. Ils partirent de France le 11 janvier 1639 sur La petite Europe et arrivèrent en Martinique le 11 février 1639. Philippe de Poincy achet la propriété de la Grande Montagne sur Saint Christophe et y créa une vingtaine de lots de terre pour lesquels il imposait des droits seigneuriaux de 1 à 10 porcs et de 1 à 5 capons par an. Toutes les transactions étaient faites au nom de son neveu, Robert de Longvilliers qui acheta aussi la propriété pour lui-même.

  Les espagnols déplacèrent les colons français et Hollandais de l’île de Saint-Martin en 1633. En 1648 les français et hollandais revinrent, mais en petit nombre, et furent repoussés. Philippe envoya alors Robert, avec 300 hommes et un traité fut signé entre les deux gouverneurs, Robert de Longvillliers pour la France et Martin Thomas pour les Hollandais, après avoir divisé l’île en deux sections pour leurs habitants respectifs. Robert fut gouverneur de Saint Martin de 1648 à1651et fut remplacé en 1651 par son oncle Philippe.

De retour à Saint Christophe, Robert est le Gouverneur de la partie Française de l’île. Des hostilité entre français et anglais éclatèrent sur l’île et Robert fut tué à la point au sable le 1er avril 1666 à l’âge de 55ans.

Sa veuve Renée Giraud semble avoir alors regagné la France.

(111) Bail, pour six ans, par Renée Giraud à Claude Thomas, garennier à Poincy, du droit de garenne à lapins de la seigneurie de Poincy, avec la maison de la Muette (ladite garenne estimée à 480 lapins, prix 900 l. et 4 douzaines de lapins par an). Château de Poincy, 1666, 15 décembre (joint un compte du locataire).

(115) Transaction entre François de Lonvilliers et Renée Giraud touchant la part du premier dans le prix de la vente consentie par Charles de Lonvilliers, seigneur de Treval, de la seigneurie de Poincy. 1673, 6 août.

5.1 Catherine de Longvilliers

Voir section 6.

5.2 Philippe de Longvilliers

Philippe Christophe de LONVILLIERS de POINCY x Marie Anne ROSSIGNOL; de ce mariage descendront tous les LONVILLIERS qui subsisteront par les mâles jusqu’en 1784, et par les femmes s’allieront aux familles LE PELLETIER de LIANCOURT, DES VERGERS de SANNOIS, LAMAURY, PLATELET de LA GRANGE, et SAINT PERM.

6 – Louis Boisseret et Catherine Marie de Longvilliers de Poincy

Le Monotype de Poincy indique deux personnes comme seigneurs de Poincy : Louis Boisseret, la comtesse de Neuville (XVIIIe siècle). Ce sont en fait des descendants de la famille de Longvilliers de la section précédente. Louis Boisseret est décrit dans ce paragraphe et sa petite fille, comtesse de Neuville,  le sera plus tard

Nous ne connaissons qu’un enfant à ce couple, Marie Madeleine de Boisseret que nous verrons ci-dessous. Louis de Boisseret était originaire de la Guadeloupe, fils de Jean de Boisseret d’Herblay et de Madeleine Houel. Il avait aussi deux frères nommés Charles et Jacques qui ont eu une querelle avec leur oncle, Charles Houel, décrit comme suit dans Wikipedia.

Charles Houël du Petit Pré (1616-22 avril 1682) est le gouverneur de la Guadeloupe de 1643 à 1664, il arrive en Guadeloupe le 5 septembre3. Nommé par la Compagnie des îles d’Amérique, il lui rachète l’archipel. Il devient, par une proclamation royale datée d’août 1645, le premier officier de justice de l’île. Louis XIV lui accorde le titre de marquis de Guadeloupe.

Il trouve une île en piteux état et la réorganise en faisant construire le fort Charles. La Compagnie des îles d’Amérique propriétaire de l’île est en banqueroute en 1648. Le 4 septembre 1649, Charles Houël, qui s’associe à son beau-frère Jean de Boisseret d’Herblay, rachète l’archipel ainsi que la Désirade, Marie-Galante et les Saintes pour 60000 livres de pétun (tabac) et s’engage à livrer 600 livres de sucre fin par an 4. Ils sont à l’origine de l’essor de l’archipel grâce à la plantation de sucre, café et cacao.

Mais des historiens des caraïbes ont une autre interprétation des relations entre les beaux-frères.

Jean de BOISSERET, époux de Madeleine Houel, avait acheté en 1649 la Guadeloupe et son beau-frère Charles HOUEL, qui en était gouverneur pour la Compagnie des Isles d’Amérique depuis 1643, lutta pour devenir co-propriétaire, par indivis ; en 1655 Boisseret mourut et sa veuve et ses enfants, alors encore mineurs, lui succédèrent. Les dissensions, dès le début, entre Houel et les Boisseret s’aggravèrent avec le temps. Il fut décidé de procéder à un partage de l’île entre eux, ce qui n’apaisa pas leurs relations. Cette plainte de Houel contre les Boisseret, suivie d’autres plaintes des Boisseret contre Houel, portées à la connaissance du Roi et du public, furent un des éléments qui conduisirent le Roi à racheter les îles aux seigneurs propriétaires et à en confier la gestion et l’exploitation à la Compagnie des Indes Occidentales, l’année suivante, 1664.

Comme propriétaire, ou co-propriétaire de la Guadeloupe, Jean de Boisseret vivait d’une manière somptueuse, comme le montre cette gravure représentant sa villa.

Après le décès de Jean de Boisseret, sa veuve Madeleine Houel va épouser en secondes noces Jean Bochart de Champigny dont le petit fils Jacques Charles épousera en 1706 marie Madeleine de Boisseret , petite fille de Madeleine Houel.

7 – Jacques Charles Bochart de Champigny et  Marie Madeleine de Boisseret

Un historique complet de la famille Bochart de Champigny est disponible sur ce site. En voici quelques extraits.

Jean VIII BOCHART seigneur de CHAMPIGNY et de NOROY, d’abord intendant de Rouen, fut nommé intendant du Canada le 24 avril 1686 et arriva à Québec avec sa famille en juillet de la même année. Sa femme s’appelait Madeleine de CHASPOUX et était cousine de Mgr de Laval, le fondateur du Séminaire de Québec. On dit de Champigny qu’il était un homme bon, humain et populaire. Au mois de mai 1701, Louis XIV nommait M. de Champigny intendant de la marine au Havre et, le 5 octobre 1702, résiliait ses fonctions en Nouvelle-France. Il mourut le 29 septembre 1720.

Un de ses fils, Jacques Charles BOCHART seigneur de Champigny de Noroy et de Poincy, marquis de Sainte Marie, né vers 1673, enseigne puis lieutenant de vaisseau en décembre 1702, capitaine de frégate en 1712, capitaine de vaisseau en 1727, chef d’escadre en 1745, commandeur de Saint-Louis. Il fut nommé gouverneur de la Martinique en 1720 et gouverneur général des Iles du vent en 1727. Il repassa en France en 1745 et mourut le 20 mai 1750. Il avait épousé le 27 mai 1706 Marie Madeleine de BOISSERET (+ 26/05/1716, 34 ans) fille de Louis de Boisseret marquis de Sainte-Marie (fils de Jean et Madeleine HOUEL) et de Catherine de LONGVILLIERS.

Marie Elisabeth Bochart de Champigny n’a que dix ans quand sa mère décède, peut être en Martinique où son père était alors gouverneur. Elle sera confiée aux bons soins de l’abbesse de l’abbaye d’Etrun, Marie Madeleine Antoinette Bochart de Champigny, sa grand-tante, qui dirigera cet établissement de 1695 à 1740.

8 – Charles Valentin de Lattre et Marie Élisabeth Bochart de Champigny

En 1732 Marie Elisabeth de Bochart de Champigny, fille de Jean Charles Bochart de Champigny et Marie Magdeleine de Boisseret, épouse Charles Valentin de LATTRE, comte de Neuville, et devient ainsi la Comtesse de Neuville

Depuis au moins dix ans, Marie Elisabeth Bochart de Champigny résidait au couvent d’Etrun ; son père, Gouverneur des possessions Françaises en Amérique, l’avait confiée aux soins de l’abbesse, sa grand-tante, comme à un guide aussi sûr qu’éclairé. En 1732, messire Charles Valentin de Lattre, comte de Neuville et seigneur d’Ayette demanda la main de Marie Elisabeth de Champigny. … Messire Charles Valentin de Lattre mourut subitement le 18 janvier 1745, dans cette même abbaye où il avait été marié treize ans auparavant.

J’ai pu retrouver deux descendants à ce couple. Rien n’indique qu’ils aient hérité de la seigneurie de Poincy. Environ 30 ans après le mariage de ces enfants, la révolution frappe les familles nobles de plein fouet et leurs biens sont vendus. Le couple de Lattre/de la Tour Saint-Quentin se réfugie alors à Londres avant de revenir à Ayette.

9 – Les Bérault de Poincy

À partir de 1652 nous trouvons des mentions de la famille d’Estat puis de la famille Bérault, seigneurs de Poincy. La famille Bérault habite la région de Bourges. Le premier est Jean D’Estat, seigneur de Tremblay, Poincy, Jarrien, Roumigny, la Jorde, Aubussay, Creux, Hery, la Berthaudière. Certains de ces lieux sont effectivement près de Bourges. D’autres sont difficiles ou impossibles à localiser. Je n’ai trouvé qu’un lieu nommé Poincy et c’est celui que nous connaissons près de Meaux.

S’agit-il de l’achat d’une partie du domaine en lien avec cette directive de Christophe de Longvilliiers mentionnée plus haut ?

(85) Procuration de Christophe de Lonvilliers, seigneur de Poincy, à Antoine de Lonvilliers, son fils aîné, capitaine entretenu en la Marine, actuellement à Poincy, à l’effet d’engager jusqu’à concurrence de 10800 livres ou, si nécessaire, 11000 lt., la moitié de l’hôtel seigneurial de Poincy et du domaine en dépendant. 1645, 25 février.

Voici les 5 générations qui ont utilisé le titre de « seigneur de Poincy ». Les Berault sont toujours restés à Bourges ou dans la région.

10 – Les fermiers Raoult, leur seigneur et leur village

Louis Nicolas Raoult, qui avait été fermier à Charny, paroisse de Quincy reçoit à partir de 1736, ou environ, les terres et seigneuries de Poincy de

  • Jean Charles Bochart qui revient en France en 1745 ou de
  • Joseph Etienne Bérault

Il vit à Poincy de 1737 à 1749 avant d’être laboureur à Meaux, paroisse de St Nicolas.

La Seigneurerie est à vendre en 1754, année du décès de Jacques Charles Bochart, alors que Louis Nicolas est parti sur la ferme du Faubourg Saint Nicolas à Meaux.

Du Mercredi 11 Décembre 1754 – Bien seigneuriaux à vendre : Terre et seigneurie de Poincy, située près de Meaux, & affermée deux mille livres. Il y a Terres-labourables, Bois, Droits de garenne, avec Haute, Moyenne & Basse Justice. [On s’adressera à M. Delaleu, Notaire, rue Sainte Croix de la Bretonnerie.]

Cette transaction n’a probablement pas eu lieu, car on trouve en 1775 cette entrée dans les registres paroissiaux :

7 novembre 1775 a été baptisée Victoire Sophie, fille de Jacques Carriat, fermier de Madame la Comtesse de Neuville, dame de cette paroisse, et de Anne Louise Marguerite Borniche.

La comtesse de Neuville est la fille de Jacques Charles Bochart. À la même page des registres paroissiaux nous trouvons :

24 octobre 1775 a été baptisé Charles Louis, fis de Vincent Raoult, fermier en ce lieu, et de Jeanne Louise Frutel.

Vincent Raoult, fils de Nicolas est fermier à Poincy de 1669 à 1775 environ.

18 janvier 1777, baptême à Poincy de Rose Carriat fille de Jacques Carriat fermier et receveur de la seigneurie de Poincy et Anne Louise Marguerite Borniche. page 195

Ce Jacques Carriat est né à Congis le 7 juin 1746, de Jaques Carriat et Agnès Harouard. Le père exploitait la ferme de Poincy avant son fils et meurt à Poincy en 1769. Le fils mineur se marie un an plus tard et continue l’exploitation de la ferme. Il meurt noyé à Poincy à l’âge de 34 ans. (14 avril 1781)

Où Vincent Raoult exploite une terre qui n’appartient pas à la Comtesses de Neuville, ou il loue du receveur Carriat. Dans tous les cas, lui et son père n’ont pas pu avoir de liens étroits avec les seigneurs de Poincy, ces derniers vivant depuis un siècle environ loin de Poincy.

L’éloignement des seigneurs pourrait peut-être une explication au déclin de Poincy, pour cause de négligence de ces biens éloignés. Le site de la commune de Poincy mentionne

une chute brutale et inexpliquée de la population entre 1771-1787 : on passe de 21 feux à 6. … Le village ancien de Poincy fut presque totalement détruit pendant la Révolution Française, avant de renaître un peu plus au sud. De l’ancienne église, seul subsiste aujourd’hui un prieuré ayant appartenu à Saint-Faron, Évêque de Meaux au VIIe siècle, et à l’Abbesse de Faremoutiers. De même, le moulin à eau installé sur la Marne au nord de Poincy fut en grande partie démoli à la même époque. Quant aux carrières de pierre blanche calcaire, qui furent notamment utilisées pour la construction de la Cathédrale Saint-Étienne de Meaux, leur exploitation s’est poursuivie jusqu’au début du XXe siècle. 

De la demeure seigneuriale il ne reste donc rien, et je n’ai pas pu en trouver de description dans les documents obtenus en ligne. L’inventaire des archives de la famille de Longvilliers conservées par les archives nationales pointe à des documents qui en révèleraient la nature :

(86) Bail pour trois ans, par Christophe de Lonvilliers à Michel Geoffroy, manœuvrier à Poincy, du fief de Bénévent, devant l’église, moyennant 12 lt. par an, et à charge d’assurer le service de la prison, la maison louée comprenant l’auditoire à plaider. 1645, 20 août.

(88) Testament de Christophe de Lonvilliers. 1648, 20 avril.

(96) Transaction sur la succession de Christophe de Lonvilliers. 1652, 17 avril.

(111) Bail, pour six ans, par Renée Giraud à Claude Thomas, garennier à Poincy, du droit de garenne à lapins de la seigneurie de Poincy, avec la maison de la Muette (ladite garenne estimée à 480 lapins, prix 900 l. et 4 douzaines de lapins par an). Château de Poincy, 1666, 15 décembre (joint un compte du locataire).

(133) « La terre et seigneurie de Longvilliers consiste en ce qui ensuit (…) » manuscrit non daté [fin XVIe siècle]. 2 feuillets.